Activités juridiques : baisse des défaillances en 2025 malgré un contexte national toujours tendu

Publié le 24 juin 2025 I financement I Rédigé par Fabio Giralt

Alors que les défaillances d’entreprises ne diminuent toujours pas en France, les activités juridiques (code APE 6910Z) affichent une dynamique étonnamment favorable. Sur les cinq premiers mois de 2025, les défaillances dans ce secteur ont fortement reculé, en contraste marqué avec la tendance nationale. Décryptage.

Un indicateur affiné pour mieux lire la réalité économique

Les données présentées ici sont issues du baromètre trimestriel In Extenso x Atometrics et s’appuient sur une approche par établissements (SIRET), et non par unités légales (SIREN), comme c’est souvent le cas. Cette méthode permet de mieux capter les impacts locaux, en particulier pour les groupes multisites. Ainsi, si un cabinet juridique implanté dans plusieurs villes fait faillite, chaque antenne impactée est comptabilisée comme une défaillance distincte, donnant une vision plus proche du terrain.

Défaillance : il s’agit d’une situation dans laquelle un établissement ne peut plus honorer ses obligations financières et entre en procédure de redressement ou de liquidation judiciaire.
Taux de défaillance : nombre de défaillances enregistrées sur les 3 dernières années rapporté au nombre d’établissements actifs en fin de période.

Que recouvre le code APE 6910Z ?

Le code APE 69.10Z, appelé à devenir 69.10Y dans la future nomenclature NAF, désigne l’ensemble des activités juridiques hors tribunaux. Cela inclut :

  • les cabinets d’avocats et avocats salariés ;
  • les offices de notaires ;
  • les huissiers de justice ;
  • les administrateurs et mandataires judiciaires ;
  • les commissaires-priseurs exerçant dans un cadre juridique ;
  • la gestion de tutelles et curatelles.

Remarque : dans le cadre de la révision de la nomenclature des Activités Françaises à partir de janvier 2026, le code APE deviendra 69.10Y.

Avec plus de 124 000 établissements actifs, pour une densité nationale de 1,8 établissement pour 1 000 habitants, le secteur est très représenté sur le territoire, avec une forte concentration en Île-de-France.

Situation concurrentielle  France 
Nombre total d’établissements actifs – code NAF 69.10Z                     124 580
Population résidente (en milliers)                        67 455
Densité concurrentielle (établissements par 1000 habitants)                               1,8

Source : Atometrics à partir de la base SIRENE et données INSEE

Ce nombre d’établissements du secteur est en augmentation :

NIVEAU NATIONAL
  2022 2023 2024
Fermetures pendant l’année                          13 394                          13 890                          12 023
Créations pendant l’année                          16 468                          17 220                          15 045
Taux de fermeture (en % de nombre d’établissements) 11,6% 11,7% 9,9%
Taux de création (en % de nombre d’établissements) 14,3% 14,5% 12,3%
Impact des transmissions (changement de secteur)                                266                                259                                245
Nombre d’établissements dans le secteur à la fin d’année                       115 077                       118 666                       121 933
Croissance du nombre d’établissements du secteur 3,0% 3,1% 2,8%

Source : Atometrics à partir de la base SIRENE

Malgré une légère baisse des créations d’établissements (15 045 en 2024 contre 17 220 en 2023), la dynamique globale reste positive, et les taux de fermeture sont en recul (9,9 % en 2024 contre 11,7 % en 2023).

Une chute des défaillances début 2025

Selon les données collectées entre le 1er janvier et le 31 mai 2025, le secteur a enregistré 80 défaillances d’établissements, contre 118 à la même période de 2024, soit une baisse de 32,2 %.

Ce recul contraste fortement avec la situation globale de l’économie française :+1,8 % de défaillances d’établissements tous secteurs confondus (46 058 en 2025 contre 45 233 en 2024),

Un taux de défaillance très inférieur à la moyenne nationale

En 2025, le taux de défaillance des activités juridiques est de 0,6 %, soit trois fois moins que la moyenne nationale, qui s’élève à 1,8 % tous secteurs confondus. Cette résilience sectorielle mérite d’être soulignée, surtout dans un contexte économique marqué par des tensions durables sur la trésorerie des TPE/PME.

Source : Atometrics à partir de la base Bodacc

Des dynamiques historiques très contrastées

Sur la dernière décennie, les défaillances dans le secteur juridique ont connu des fluctuations importantes, bien plus marquées que la moyenne des autres secteurs.

Source : Atometrics à partir de la base Bodacc

Pour comparer les tendances, nous pouvons ramener les valeurs en base 100 à fin 2024, et observer les évolutions depuis : entre décembre 2014 et août 2024, l’indice (base 100) du secteur des activités juridiques est passé de 100 à 412, avant de redescendre à 391 en mai 2025.
Sur la même période, les défaillances tous secteurs sont passées de 100 à 139.

Cette tendance rappelle que le secteur n’est pas structurellement à l’abri des aléas économiques, même si sa situation actuelle est favorable.

Des disparités régionales notables

Le taux de défaillance varie fortement selon les territoires :

  • Plus touchés :
    • Corse : 1,3 %
    • Outre-mer (hors Mayotte) : 1,2 %
    • Centre-Val de Loire : 1,0 %
  • Moins touchés :
    • Pays de la Loire : 0,2 %
    • Bourgogne-Franche-Comté : 0,3 %
    • Bretagne : 0,3 %

L’Île-de-France, région où se concentrent de nombreux acteurs du droit, affiche un taux de 0,8 %, légèrement au-dessus de la moyenne du secteur, mais toujours bien en dessous du niveau national.

Conclusion : un secteur robuste, mais sous surveillance

Les chiffres 2025 montrent un net recul des défaillances dans les activités juridiques, à rebours de la tendance nationale. Si cette solidité peut s’expliquer par le caractère essentiel des services juridiques et une régulation professionnelle stricte, les volatilités passées et les disparités régionales appellent à la prudence.

Fabio Giralt

Fabio, Data Scientist, en charge de la fiabilisation des bases de données, l’ajout en continu de nouvelles données, la réalisation de missions de conseil / production d’analyses personnalisées.


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