Podcast n°1 – 35 ans de métier, d’apprenti à chef d’entreprise, parcours et partage d’expérience – Stéphane Macquaire

Publié le 13 février 2025 I Podcast I Rédigée par Juliette Barboux

Ce podcast est dédié aux entrepreneurs et aux dirigeants de petites entreprises ainsi qu’à tous ceux qui s’intéressent à leur quotidien et à leurs enjeux. Pourquoi parler des petites entreprises ? Parce qu’elles représentent 95% des entreprises en France et parce qu’elles font fasse à des défis  spécifiques. Du fait de leur petites tailles elles ont souvent une structure plus fragile et leur dirigeant sont absorbé par leur quotidien et leur métier et non pas forcément de formation en gestion ou en finance. Ici nos invités partagent des témoignages, des conseils et des outils concrets pour vous permettre de gagner du temps dans votre apprentissage ou d’éviter certaines erreurs qu’ils ont eux-même commises.


Pour écouter le podcast c’est juste ici : https://audio.ausha.co/78x95I8PN1Oe.mp3

Parcours de Stéphane

Bienvenue, merci beaucoup d’avoir accepté notre invitation dans ce podcast. Ecoute, pour commencer, est-ce que tu peux te présenter de manière succincte, nous expliquer qui tu es ?

Stéphane

Je peux me présenter de manière succincte. Je m’appelle Stéphane Maquer, j’ai un salon de coiffure au 80 boulevard Malesherbes. J’ai exercé pendant 15 ans 33 rues de Miromesnil, donc toujours dans Paris 8e. Ça fait… 35 ans que je suis dans la coiffure. J’ai commencé à l’âge de 17 ans en province, à Laval, en Mayenne, où je suis originaire. Et voilà, je vis au quotidien la vie d’un chef d’entreprise, d’un commerçant, d’un artisan. Et voilà, je suis entouré d’une équipe de 6 à 7 personnes en moyenne.

Ok. Et tu as entrepris tout de suite après tes études ou est-ce qu’il y a eu des étapes intermédiaires ?

Stéphane

Pas du tout. J’ai fait un apprentissage de 4 ans, des gens qui m’ont très bien formé à Laval. C’était un couple, il y avait une des deux personnes, Michel Simonnet, la dame, qui était meilleur ouvrier de France. Il y avait beaucoup de dynamisme dans ce salon. Son mari Alain s’occupait plutôt de la partie business et management.

J’ai commencé avec eux pendant 4 ans. Ensuite, je suis allé à Vierzon, où j’ai été encore formé par un monsieur que j’admirais beaucoup qui s’appelle Jacques Gouchaud, et qui faisait beaucoup de démonstrations, qui était lui-même aussi meilleur ouvrier de France. J’ai été un petit peu élevé à l’exigence, parce que ce sont des concours très exigeants, donc des employeurs exigeants. Mais lorsqu’on est motivé, des gens très motivants. Ensuite, Laval, Vierzon, il y avait un peu de frustration de ma part et j’ai voulu venir à Paris. Voilà, pour m’ouvrir à des choses un peu plus importantes, je dirais. Peut-être à une ville plus cosmopolite où il se passe plus de choses, plus d’opportunités. Et non, là, j’ai travaillé pendant quelques années, 7 ou 8 ans, aux 33 rue de Miromesnil avec un monsieur qui s’appelle Jean-Marie Giner. et qui m’a fait confiance. J’étais assez jeune, j’avais 22 ans, donc j’étais plutôt bon coiffeur, je pense. Mais après, il a fallu répondre aux exigences de la clientèle Paris 8e, qui était très exigeante, avec un salon qui avait quand même sa réputation au moins de quartier. Et ensuite, on s’est quitté quelques années. Je n’ai pas en fait tout de suite, comment dire, entreprendre.

Après, j’ai eu une proposition de louer un fauteuil dans un salon de coiffure. C’est une expérience qui était plutôt bien, qui était un petit peu inspirée des méthodes anglo-saxonnes où on peut louer et payer des charges au mois. Maintenant, il y a des choses comme ça qui se sont développées en France. Mais voilà, et donc, c’est à ce moment là que j’ai créé mon premier, pour la première fois, mon statut de travailleur indépendant.

Et donc, juste pour comprendre, je t’interromps là dessus. Quand tu dis louer un fauteuil, donc tu as créé une structure ?

Stéphane

Alors, j’ai créé une structure, c’est à dire que je me suis mis en travailleur indépendant. Et ensuite, je payais, je reversais des charges aux personnes qui me louaient ce fauteuil dans ce salon de coiffure. Ce qui me permettait aussi d’avoir une liberté parce que je travaillais beaucoup pour des hôtels à l’époque, des beaux hôtels parisiens, voire les palaces. Je faisais de la formation. Et puis j’aidais aussi des amis sur tout ce qui était prestations de mode, c’est-à-dire shooting ou défilé.

Donc tu n’avais pas un besoin permanent en fait d’un endroit où exercer parce que tu te déplaçais, c’est ça ?

Stéphane

Je me déplaçais aussi beaucoup. Alors c’était une expérience très intéressante. Après, les charges étaient un peu trop fortes à mon goût. Et donc il y a eu un divorce, je dirais. Mais ça m’a permis d’entreprendre et d’avoir encore plus l’envie d’entreprendre. C’est vrai que quand on n’est que salarié, bien sûr, on peut nous écouter, mais… Je n’étais que force de proposition. Donc, j’ai demandé à mon ex-employeur, Jean-Marie Ginard, si je pouvais louer pour quelques temps, pour m’occuper de ma clientèle, dans son lieu, encore un fauteuil. Et assez rapidement, il m’a fait l’heureuse proposition de m’associer avec lui. J’ai investi 25% des parts de sa société. Donc, c’était plutôt des conditions assez optimales, je dirais. J’ai eu beaucoup de chance de cette proposition.

Vous gériez vraiment à deux ?

Stéphane

Alors, on gérait à deux. La partie comptabilité, moi, j’avais plutôt une assemblée tous les ans avec le comptable qu’on avait en commun. Mais tout ce qui était gestion du personnel, gestion des stocks, la communication, tout ça… Je m’en occupais pour pas mal, en tout cas. Bien sûr, je lui demandais son aval. Des fois, on avait des discussions. Mais ça s’est bien passé. C’était un excellent tremplin parce que c’était un lieu que je connaissais, très bien situé dans un très beau quartier parisien. C’était une affaire saine. C’était une belle opportunité pour moi.

Peut-être juste une précision. Quand tu parles d’affaire saine, ça veut dire qu’elle était rentable ?

Stéphane

C’est une affaire rentable, qui n’était pas de manière exponentielle rentable, mais elle était rentable. Elle était bien gérée. Enfin, voilà, la trésorerie, c’était une belle trésorerie. Enfin, voilà, il n’y avait pas de loup quelque part. Voilà. Donc, pour moi, c’était une affaire saine à reprendre, avec un bail en plus qui avait été renouvelé récemment. Donc,  j’ai racheté ses parts. On s’est séparés au mois de décembre 2011 car il partait à la retraite.

Et donc là, ça a été une autre étape parce que c’est vrai que quand on est deux, on se supporte, on s’encourage. On peut avoir des différences, mais on se sent à deux. Et puis, c’est vrai qu’il avait un très beau fonds de clientèle dans ce quartier. Il y avait aussi une assurance d’un chiffre d’affaires. Et là, je me suis retrouvé seul avec des nouvelles personnes embauchées. Et là, il a vraiment fallu se battre pour développer le lieu. Mais en fait, ça s’est très bien fait. Et puis, on se rend compte que le renouvellement de clientèle se fait et que cette nouvelle image plaisait aussi à pas mal de gens.

D’accord. Et donc, ça, c’est ton aventure précédente, du coup. Et maintenant, le salon que tu as, c’est un nouveau salon.

Stéphane

C’est un nouveau salon. J’ai transféré mon salon de la rue de Miromesnil pour le boulevard Malesherbes. C’est un salon qui est plus grand, un petit peu plus ambitieux aussi parce que plus coûteux. Mais voilà, mon équipe a bien suivi. Elle était plutôt enthousiaste parce que c’est vrai qu’on a gagné en confort au niveau de notre travail qu’est le salon. On a gagné en confort et puis c’était un nouveau challenge à relever dans un endroit pas si loin que ça de la rue de Miromé-Nil. Un endroit où on n’est pas encore connu.

Et donc là, du coup, tu as… Parce qu’on n’est pas très éloigné en termes de quartier. Donc, est-ce que tu as un gros changement dans la fréquentation de ton salon ? Est-ce que tu as perdu beaucoup de clients ? Est-ce que tu en as gagné ?

Stéphane

Non, en fait, c’est… Bon, alors, c’est toujours des calculs un peu compliqués à faire, mais grâce aussi aux nouveaux moyens de communication, que ce soit les réseaux sociaux, que ce soit le site Internet, Google, et aussi grâce à notre… Notre application qu’on utilise aussi bien pour la caisse que pour les statistiques, on a les moyens d’envoyer des SMS à l’ensemble de nos clients.

Ce sont quand même des moyens plus faciles, je trouve, pour faire ce genre d’opération, transférer à un lieu. En tout cas, les gens étaient au courant. Après, bien sûr… Il y a des gens, on va changer de deux ou trois rues, on peut les perturber, mais pour la plupart non.

La gestion (comptabilité, gestion des ventes, statistiques sectorielles, ressources humaines...)

Ok, merci beaucoup, c’était très clair pour moi. Là on va attaquer une deuxième partie qui est plus orientée économie-gestion, même si on a déjà touché rapidement. Notamment, on peut commencer par ça. Alors, tu me diras que je vois plutôt le côté obscur. Mais qu’est-ce qui, pour toi, dans la gestion de ton cabinet, est difficile ?

Stéphane

Ce qui peut revêtir un caractère difficile, il y a pas mal de choses. Tout dépend des périodes. Il y a la partie, bien sûr, comptabilité. Mais en fait, le tout, c’est d’être bien entouré, je trouve. Moi, c’est vrai que ce soit pour la comptabilité, je suis avec quelqu’un de confiance qui m’a souvent conseillé. Un expert comptable ? Un expert comptable, monsieur Benfredge, qui me suit depuis le début, qui a cru en mon projet. Donc, on a passé à différentes étapes. C’est vrai qu’avec lui, on a aussi eu des choses comme la gestion des ressources humaines, qui ne sont pas toujours si évidentes. Il y a des gens avec qui ça se passe très bien. Il y a des gens où ça peut être un peu plus compliqué.

On a beau s’intéresser aux gens, faire même des stages dans le management, tout ça, l’humain reste quelqu’un. En tout cas, l’humain, ce n’est pas quelque chose de si palpable que ça au niveau des réactions, au niveau de l’envie, tout ça. J’essaye de faire au mieux pour les gens avec qui je travaille. J’essaye de les valoriser. Mais c’est sûr que ça fait, dans certains cas, heureusement, ça reste un cas infime de ce qui m’est arrivé, mais il peut y avoir des fois des soucis d’ordre de ressources humaines. En plus, on travaille avec une équipe de six ou sept personnes dans un lieu, quelque chose de familial presque, à travailler tous les jours ensemble. Donc oui, ça peut faire partie des problématiques.

Mais ça n’a pas l’air d’être. Oui, c’est ça. Tu n’as pas l’air d’être parti en difficulté, en tout cas sur cet aspect.

Stéphane

Alors, j’ai progressé et surtout j’ai délégué. C’est-à-dire qu’il y a un moment où moi, c’est vrai que je voulais tout faire, donner toute mon énergie. Depuis quelques années, j’ai eu un relais au salon qui était Elodie, quelqu’un que j’ai formé, qui avait vraiment l’ADN du lieu et qui a repris la partie avec moi management. Elle faisait la relation beaucoup entre… Voilà. entre les salariés et moi, lorsqu’il y avait des requêtes, des choses à améliorer, sachant qu’on fait régulièrement des réunions individuelles ou collectives. Et puis, c’est vrai que la partie gestion des plannings, des vacances, des formations, ce n’est pas quelque chose qui m’excite plus que ça. J’avais quelqu’un qui était structuré et qui aimait faire ça. Mais le fait de déléguer certaines choses… vous soulage aussi et puis il met un petit rempart aussi. Quand je dis un rempart, c’est à dire voilà on est un peu moins de front systématiquement.

Et sur la partie logiciel comment ça se passe ?

Stéphane

Dans ce logiciel, il y a toute une partie caisse et données comptables qui me donne le chiffre d’affaires de chacun de mes collaborateurs aussi bien au niveau du service qu’à la revente parce qu’ils ont un fixe mais ils sont aussi payés au pourcentage de leur travail personnel. Et on a aussi tout un tas de statistiques sur les différents services ou sur la revente avec des courbes, des pourcentages pour voir un petit peu quels sont nos points forts et nos points faibles. Donc, ça me permet de voir un peu quels peuvent être les endroits améliorés. Par exemple, bon, on vend très peu de soins au salon alors que c’est une tendance actuelle. C’est vrai que quand j’ai vu le pourcentage de soins qu’on vendait, c’est vrai que j’essaye de miser là dessus parce que c’est un service qui plaît aux clientes et aux clients et qui ne nous prend pas autant de temps que ça. La revente aussi, surtout dans la coiffure, c’est un domaine qui est souvent à mettre en avant parce que les collaborateurs sont plutôt des partisans de leurs mains. Ce logiciel m’aide quand même pour beaucoup à gérer.

Ok, très bien. Et comment est-ce que tu as identifié du coup que, par exemple, le chiffre d’affaires de revente de produits était optimisable, on va dire ? Tu as pu te comparer ?

Stéphane

Oui, voilà. C’est-à-dire que je travaille avec différentes marques, mais L’Oréal et Planity travaillent ensemble. Donc, j’ai fait un stage qui s’appelle Business. Business 1, je crois, ou 2, je ne sais plus lequel j’ai fait. Le business 2, où on avait nos chiffres à comparer avec ceux du milieu de la coiffure en général. Donc, en fait, c’était aussi sur les marges que l’on faisait par rapport à un salaire versé et un chiffre d’affaires réalisé par le collaborateur. Et donc, le fait que L’Oréal, avec leurs statistiques, travaille aussi avec eux, ça m’a aidé aussi à mieux déterminer quels étaient les points où on était plutôt pas mal. Donc après, j’essaye d’améliorer. Par exemple, j’ai haussé certains tarifs de mon salon qui étaient peut-être un peu faibles par rapport au temps qu’on y passait aussi, le rapport temps. et chiffres.

Et par rapport à la concurrence aussi, j’imagine que tu as vérifié que au niveau concurrentiel, c’était pas…

Stéphane

C’est vrai que je regarde pas tellement comment… J’étais plus sur quelque chose de global. Après, c’est vrai que je regarde… pas tellement enfin je regarde un petit peu mais pas tant que ça ce que font les autres d’accord je dis souvent moi qui aime bien le football comme toi sylvain ouais je préfère regarder mon équipe jouer que de m’adapter à une concurrence éventuelle ou à d’autres manières de faire j’essaie de faire au mieux avec le potentiel de mon équipe.

Est-ce qu’au niveau plus global de la gestion de ton entreprise, donc tu as pu voir à travers ce stage que, par exemple, tes ventes de produits étaient un peu en deçà de ce qui serait possible de faire, donc ça c’est global. Est-ce que tu suis des indicateurs sur la… santé de ton entreprise ? Par exemple, est-ce que je ne sais pas, tu sais repérer quand ça va un peu moins bien ? Est-ce que tu sais que, par exemple, dans deux mois, ça risque d’être plus compliqué ? Est-ce que tu as cette vision un peu prospective ou globale ? Ou pas ?

Stéphane

Elle n’est pas très précise. Je dois la reconnaître. Elle n’est pas très précise. Je sais, en tout cas, je savais à Rue de Miromesnil  à partir de combien de chiffres d’affaires j’étais à l’aise mensuellement. Ça va être un petit peu différent sur ce lieu. Mais je ne peux pas dire que je suis sur des indicateurs très précis à ce niveau-là. J’essaie de donner au maximum au quotidien et de dépenser le moins en proportion. Par contre, c’est vrai que quand on est sur des chiffres d’affaires que je trouve un petit peu descendant, tout ça, j’essaye toujours de trouver le pourquoi du comment. J’essaye aussi à ce moment-là, des fois, de faire baisser certains coûts dans le salon, notamment au niveau de l’achat des produits.

Comment gérer les difficultés, le covid notamment

Et alors, du coup, ça me permet aussi de passer à la partie suivante. Est-ce que tu as déjà été en difficulté ? Est-ce qu’à certains moments, ton… L’une de tes affaires a moins bien marché. Et encore une fois, certains ne passent jamais par cette case, d’autres y passent. Ce qui va nous intéresser, c’est plutôt comment est-ce que tu t’en es rendu compte ? Qu’est-ce que tu as mis en œuvre quand tu t’es rendu compte que tu étais en difficulté ? Est-ce que c’est des choses qui te sont arrivées ?

Stéphane

Je ne peux pas dire que j’ai été en difficulté financièrement. Comme je te l’ai expliqué tout à l’heure, j’ai repris une affaire saine. Je suis quelqu’un d’un peu terrien. Je ne vais pas m’octroyer un salaire en tant que gérant. Je ne vais pas manger que sur la société. Je suis quelqu’un de prévoyant. Je me rappelle d’un de mes premiers employeurs qui m’avait dit, enfin mon premier employeur, il faut toujours avoir un petit peu de côté quand on entreprend. C’est ce que j’ai toujours essayé de faire. Après, bien sûr, il y a eu des moments plus ou moins forts en termes de chiffre d’affaires. Mais là, en général, je me focalise plus sur comment faire pour avoir plus de monde. Il est rentré plus de chiffres quand ça va moins bien.

Et par exemple, le passage Covid. Donc ça, c’était un moment qui était assez dur. Parce qu’on s’était vu à cette période-là. On ne savait pas comment ça allait se déboucler. Il y a eu une baisse assez drastique des fréquentations de décès. Bien sûr, oui. Il y a eu un énorme rattrapage sur un mois en particulier quand on a été… Qui n’était pas du tout… Je me rappelle de ce mois de décembre où je ne pensais jamais… faire un chiffre pareil parce qu’on avait on avait fermé tout le mois de novembre et mais le mois de janvier qui a suivi c’est un angle en fait c’était très ça c’était assez perturbant on ne savait pas trop où on allait dans moi globalement j’étais dans un quartier donc tout près de l’elysée où pendant 18 mois, déjà il y a eu les Gilets jaunes qui sont intervenus.

 

Ça c’était 2019.

Stéphane

Voilà, donc les gens n’osaient plus forcément aller dans ce quartier ou même dans le centre de Paris pour consommer. Ça m’a quand même pas mal inquiété parce que c’est vrai qu’en… Le chiffre d’affaires d’un salon de coiffure le samedi est très important, c’est souvent le jour le plus important. Concernant le Covid, je remercie malgré tout l’État de nous avoir aidé comme ça à l’époque parce que franchement, ils ont pris les salaires en charge, ce qui est quand même dans un métier de service très important.

Et accordé des prêts.

Stéphane

Exactement. Alors moi, je n’ai pas voulu avoir recours parce que j’avais une trésorerie à l’époque suffisante. Bon, tout ça, voilà. Ce qui a été plus compliqué avec le Covid, je dirais, c’est le retour Covid. C’est-à-dire qu’il y a quand même une consommation qui a changé, une manière de vivre qui a changé. Et moi, je travaille dans des quartiers d’affaires et les quartiers d’affaires ont été très touchés par le télétravail parce que, que ce soit le lundi ou le vendredi, il y a beaucoup moins de monde dans ces quartiers parce que les gens télétravaillent de chez eux. Et on pensait à un retour, voilà. Mais je pense vraiment qu’il y a un avant et un après. après Covid à gérer.

Ok. Ok. Et études de marché, tu as fait sur, par exemple, valider l’emplacement. Tu vois que, comment est-ce que tu as décidé que cet emplacement-là était bien, en fait ? C’était quoi tes critères ?

Jean-Baptiste

Alors, l’étude de marché, par contre, je l’ai faite toute seule. Vraiment, j’ai mobilisé les gens sur mes réseaux sociaux, sur mon réseau personnel, puis mon réseau un petit peu plus large. Mes élèves, j’ai mobilisé un petit peu tout le monde. Je leur ai demandé ce qu’ils attendaient d’une salle de sport, leur budget, leur âge, leur habitude de pratique. De là, j’ai commencé à avoir tout un tas de données que j’ai commencé à organiser pour pouvoir établir une belle zone de chalandise. Et après, j’ai décidé de m’installer du côté de Clichy, entre Clichy et le parc Monceau. C’était vraiment l’endroit dans lequel je voulais vraiment m’implanter pour récupérer un maximum de monde. Toute ma clientèle est quasiment là.

Tu le vois dans tes chiffres, en fait. Lundi et vendredi, c’est…

Stéphane

Le lundi, je ne suis pas ouvert, mais par exemple, le vendredi, qui était une journée très dynamique, l’est beaucoup moins. Et on voit vraiment que, oui, le jeudi soir, ce sont des quartiers qui se vident un petit peu. Donc, voilà, il faut optimiser les débuts de semaine et puis essayer de s’accrocher sur les fins. Ne pas refuser. Mais c’est un peu moins facile que ça ne l’a été, parce que beaucoup de gens partent de Paris le week-end, partent télétravailler à la campagne, au bord de la mer. Ce sont des nouveaux modes de vie qui ont changé pas mal de choses quand même pour les commerçants,

je pense. Ok, très clair. Donc déjà, bravo de ne pas avoir été en difficulté avec justement tous ces éléments extérieurs. Nous, on suit aussi le taux de difficulté des entreprises et on voit qu’il y en a quand même énormément qui ont vraiment de gros problèmes. Notamment aussi certains qui ont le fameux effet ciseau, pour ne pas faire de jeu de mots avec les salons de coiffure, mais où tu as la hausse en fait. de l’inflation, la hausse des prix, et avec les remboursements des PGE qui se matérialisent au même moment, plus les éléments qui sont liés à la clientèle, le télétravail, une baisse aussi du nombre de clients.

Stéphane

Dans ce type de quartier, c’est assez flattant.

Les partenaires (EC, avocats, banquiers)

Et c’est vrai qu’il y en a beaucoup qui sont en difficulté. Alors, peut-être quelques petites questions sur ton environnement. Tu parlais de ton expert comptable, de ton outil de gestion. Donc, Planity, quels sont les autres outils ou les différents outils que tu utilises ? Et quels sont tes interlocuteurs au quotidien, on va dire, dans la gestion de ton entreprise ? Donc, expert comptable, OK. Oui,

Stéphane

Avocat parce que c’est vrai qu’on est toujours amené dans une entreprise à avoir des questions ou des vrais sujets sur un bail commercial. une rupture de contrat, enfin voilà, de différentes…

C’est vrai que j’ai la chance d’être très bien entouré, ma femme est dans le niveau juridique et voilà, son ex-employeur et ami commun m’aident dans cette gestion-là parce qu’on se rend compte que oui, un avocat saura toujours avoir un regard et quelque chose de juridique en fait que moi, je ne maîtrise pas.

Qui rassure aussi et qui est certainement meilleur que moi dans tout ce qui est comment dire comment dire gestion de ce genre de choses oui pour essayer de tirer la meilleure partie de la situation pour moi en tout cas.

Et banquier, ça fait partie de ta nation locuteur est-ce que tu échanges ? des fois avec des banquiers

Stéphane

Je change beaucoup avec les banquiers. Là, je fais un prêt, donc j’échange avec eux. Ils essaient de me faire faire des placements, mais je ne peux pas dire que les banquiers…ce n’est pas un interlocuteur quotidien. Je dirais plus comptable.

Et avec ton expert comptable ? quelle est la fréquence de vos échanges ?

Stéphane

Ça dépend des moments. Voilà, mais disons qu’avec mon expert comptable, on s’entretient au moins une fois par mois ensemble. D’accord. On fait un point, bien sûr, une fois par an avec le bilan. Mais on s’entretient, il est toujours très disponible. Et puis, pour les questions d’ordre plus technique ou plus juridique, il a des collaborateurs qui sont avec lui et qui prennent le relais.

Et alors, je vois bien… de quoi vous parlez dans le rendez-vous annuel ? Parce qu’en gros, j’imagine qu’il te fait la présentation de tes comptes sur l’exercice précédent.

Stéphane

Exactement. Je trouve très compréhensible.

Donc ça, c’est ton rendez-vous annuel. Oui. Et après, quand vous parlez tous les mois, c’est pour faire un point sur la situation ?

Stéphane

Voilà, pour lui dire où j’en suis ou alors lorsque j’ai des questions, besoin de conseils.

Les conseils pour entreprendre

Ok. Voilà, super. Oui. Parfait. Est-ce que… Alors… En prenant un peu de recul, quels conseils tu donnerais à toi-même au moment où, soit tu t’es lancé ou alors quand tu es sorti de ta formation ? Quels sont selon toi, en fait, vraiment les deux, trois conseils qui font que ça se passe bien ? Donc, tu évoquais une personne qui t’avait dit toujours garder de la trésorerie de côté. Oui. C’est ce type de conseils, des choses vraiment structurantes, en fait, qui, pour toi, il faut avoir en tête et que tu auras envie de donner à quelqu’un qui se lance dans cette profession.

Stéphane

Moi, j’aime bien comparer mon métier à d’autres métiers. Et c’est pour ça que j’aime bien aller dans un restaurant, voir comment ça se passe, les hôtels, tout ça. Parce que je trouve que malgré tout, dans les métiers de service ou dans le commerce, on retrouve souvent les mêmes choses. Je pense que si on accueille bien les gens, on s’occupe bien d’eux, on fait des belles prestations, on a déjà beaucoup de chances de revoir ces gens. Donc vraiment être très appliqué dans ce que l’on fait, essayer d’optimiser au maximum l’accueil, la qualité des prestations. Et en fait, je pense qu’être entrepreneur, c’est se remettre en question à peu près tous les jours. Je vis avec ma boîte à peu près tous les jours. Alors bien sûr, j’ai une vie de famille et j’ai plein d’amis, mais c’est toujours essayer de chercher qu’est-ce qui peut faire la différence par rapport aux autres. Voilà, donc la remise en question permanente, parce que si on ne se remet pas en question de manière assez quotidienne, je pense qu’on peut vite, malgré plein de qualités, on peut vite décliner, en fait, d’après moi.

OK, donc remise en question et curiosité aussi. Curiosité aussi. L’établissement.

Stephane

Voilà, curiosité, ouais, voilà. Et ne pas se fermer, vous voyez, enfin, tu vois, par exemple, il y a des gens qui, avant, étaient un peu contre les réseaux sociaux, tout ça. Les choses évoluent tellement rapidement que je pense qu’il faut rester quand même assez ouvert à toutes les nouvelles générations, à ce qu’ils peuvent proposer. Voilà, je pense qu’il faut rester ouvert.

Quizz

Oui, complètement. Il faut rester à l’écoute de ce qui se fait aujourd’hui. Exactement. Ok, très clair. Pour finir, j’ai envie de te proposer un petit quiz. Alors, c’est très compliqué parce que nous, on tente en interne, pourtant on manie des données à peu près toute la journée et tout le monde se plante systématiquement. D’accord. Que tu sois complètement détendu.

Stéphane

Aller c’est parti

Donc là, en fait, on a regardé un panel de coiffeurs qui ont au moins un salarié, tous à Paris, qui sont dans des structures des sociétés, donc à l’impôt sur les sociétés.

Et on a regardé les exercices 2022 et 2023. D’accord. D’accord. Donc, on a considéré ces deux exercices d’un seul bloc. Alors, à ton avis, quel est le chiffre d’affaires médian ? Alors, juste, je te précise qu’on n’a pas l’intégralité des comptes des coiffeurs à Paris. Donc, c’est un échantillon. Ceux dont les comptes ne sont pas confidentiels. Un peu plus que ça, mais voilà. D’accord. Donc, parmi ces coiffeurs, il y en a 348, il me semble, dans l’échantillon. Quel est le chiffre d’affaires médian ?

Stéphane

Je dirais 80 000 euros.

Alors, c’est 40 000 euros, le chiffre d’affaires médian. Donc, il y a beaucoup de petites structures, en fait.

Stéphane

D’accord, oui, je vois ça. Oui, en plus, il y a beaucoup de petites structures qui se sont montées dernièrement, notamment avec les barbeurs, un ou deux fauteuils.

Donc, on intègre aussi les coiffeurs hors salon, pour info. Donc, du coup, quel est le poids des charges de personnel par rapport aux chiffres d’affaires ? En gros, pour 100 euros de chiffre d’affaires, combien sont dirigés vers le personnel ?

Stéphane

Je dirais entre 30 et 35 %.

ça va dépendre de la taille. Toi, ton salon est plus important que je pense. D’ailleurs, c’est sûr parce que le chiffre d’affaires médian est à 42 000 euros. Ton chiffre d’affaires doit être au-dessus de ça. Donc ça veut dire aussi que tu as potentiellement une structure qui est moins légère que les petits salons.

Stéphane

la masse salariale par rapport à ça ?

En fait, pour les 340 et quelques salons qui sont dans l’échantillon et qui correspondent aux critères que je t’ai donnés, les charges de personnel, c’est 55% du chiffre d’affaires.

Mais à mon avis, plus la taille du salon augmente, plus ce ratio diminue. D’accord. Et c’est plutôt des charges de structure qui prennent le pas.

Ensuite, quelques autres petites questions. Il en reste trois, donc ça va être vite vu. Quel est le niveau de valorisation médian d’un fonds en pourcentage du chiffre d’affaires ? En gros, quand tu vas acheter un fonds de commerce dans la coiffure et que le salon en question fait un chiffre d’affaires donné, quel est le pourcentage de chiffre d’affaires que tu vas payer pour faire l’acquisition du dit fonds ?

Stéphane

Alors, j’ai vu en m’étant intéressé au sujet dernièrement, disons que souvent, on peut essayer de valoriser à la hauteur de 80% son chiffre d’affaires hors taxes.

Oui, ça, c’est une valeur qui est paris intramuros.

Stéphane

Qui est pari intramuros oui. Sinon, je pense que ça doit être un peu moins. Peut-être dans les 60%.

Oui, c’est ça, 65%. et là c’est sur la métropole du Grand Paris et Paris Intramuros effectivement on est aux alentours de 80% donc là t’as là j’avais là c’est parfait là j’étais bien deux questions complémentaires à ton avis combien de fonds se sont vendus de fonds de commerce enregistrés dans la coiffure se sont vendus en 2023 sur l’ensemble de l’année mais sur l’ensemble de la France non non Paris toujours Paris et là par contre on n’est que dans Paris Intramuros combien de salons de coiffure se sont vendus ?

Stéphane

Aucune idée vraiment

61, c’est pas énorme. Après tous ne sont pas, ne font pas l’objet de vente de fonds. T’as aussi des titres qui se vendent. Tu peux racheter des parts de la société. Donc là c’est que les fonds. Ok. Et puis il y a aussi beaucoup de créations. Et je crois que c’est ton cas. où tu ne rachètes pas nécessairement un fonds, mais tu vas t’installer dans un…

Stéphane

Alors, c’est vrai que j’ai fait le choix, étant implanté depuis quelques années, de plutôt racheter une location pure plutôt que d’acheter un fonds de commerce, ce qui me semblait que j’avais déjà un fonds de commerce quelque part.

Ah, c’est sûr, oui. En fait, si tu restes dans le même quartier, je te comprends, tu n’as pas eu la nécessité d’acheter une clientèle que tu avais déjà. C’est ça, non ?

Tu préférais investir dans des travaux que dans un fonds de commerce qui peut des fois être un petit peu… Ça peut être aléatoire en fait. Ça dépend de beaucoup de choses. Retrouver un commerce, ce n’est pas toujours très évident.

Stéphane

Exactement. On peut essayer de faire les choses le mieux possible. Mais on peut ne pas plaire à cette clientèle, avoir des tarifs différents. Enfin, plein de choses rentrent en jeu. Et c’est assez difficile d’être sûr de son rachat de fonds de commerce, je trouve.

Ok. Tu as déjà racheté un fonds ?

Stéphane

Plus ou moins, parce que quand j’avais racheté les parts, en fait, oui, c’était un fonds de commerce. Mais là, j’étais à l’intérieur du projet, donc c’était quand même beaucoup moins difficile d’arriver du jour au lendemain. On a beau avoir des chiffres, je pense qu’on n’a pas tout le panel d’informations qui sont des fois nécessaires à l’achat d’un fonds.

Ok. Voilà, dernière question. Le prix médian d’un fonds à Paris. Alors là, pour le coup, c’est Métropole-Paris. Donc, prix médian.

Stéphane

Il y a autant de fonds qui sont du plus cher que moins cher. C’est en euros. C’est forcément un peu subjectif, parce qu’il y a des amis, c’est plutôt des gros fonds qui se vendent. Forcément, le prix médian va augmenter. Je dirais, 70 000 euros peut-être.

Oui, tu n’es pas très loin. C’est 51 000 euros en 2023. Mais en 2022, je crois que c’était 61 000. Ça a baissé, mais encore une fois, c’est potentiellement aussi un effet taille. On voit des évolutions assez importantes en fonction de qui vend son fonds. Surtout sur un panel de 60 et quelques, il suffit qu’il y en ait une dizaine d’une chaîne qui soit vendue. Et tout de suite, ça fait monter ou baisser le prix. Voilà, écoute, je pense qu’on a tout couvert.

En tout cas merci beaucoup Stephane. Est-ce qu’il y a des choses que tu voudrais rajouter, qu’on n’a pas traité et que tu avais envie d’évoquer ?

Stéphane

Non, simplement, moi, c’est vrai que ce qui me motive au quotidien, en effet, c’est de créer, de former. Et voilà, d’essayer de faire des choses avec des équipes. Je trouve que c’est très valorisant. Valoriser aussi des jeunes, leur faire mieux gagner leur vie. C’est quelque chose qui me motive au quotidien. voilà et le jour où je m’ennuierai j’arrêterai ce métier pour l’instant je ne m’ennuie pas non je, voilà c’est quelque chose être entrepreneur c’est pas tous les jours facile mais je ne referai pas le pas inverse voilà malgré tout si c’est plus de travail, plus d’énergie plus de stress plus de stress assurément malgré tout je pense que ça me correspond personnellement et j’espère que ça continuera dans le bon sens comme ça

Ça me fait penser à une dernière question. Est-ce que tu t’es parfois posé la question d’ouvrir plusieurs emplacements ou même carrément de monter une franchise ? C’est des choses qui t’ont traversé l’esprit

Stéphane

Alors, ce sont des choses qui m’ont traversé l’esprit. J’avais entrepris cette démarche. La vente ne s’est pas faite au final sur un lieu. Mais après, les hasards de la vie ont fait que je me suis rendu compte que Ce n’est pas toujours évident. Là, on délègue vraiment à quelqu’un un lieu. La personne à qui je devais déléguer, par exemple, à cette époque, a eu des problèmes et n’avait plus forcément la tête à ça. Et donc, ce sont des choix compliqués dans le sens où là, on a une maîtrise, mais on n’a pas la totale maîtrise non plus.

Non, et puis, tu n’as pas le don d’ubiquité, donc tu ne peux pas être à deux endroits en même temps

Stéphane

Exactement donc j’ai fait le choix d’avoir un lieu plus grand où il y aura certainement plus de personnel plutôt que d’avoir deux endroits différents voilà en cas de départ tout ça ça peut être beaucoup plus compliqué à gérer je pense dans la coiffure que plus on est grand et plus on est rentable ou il n’y a pas nécessairement un lien mon ex-associé m’avait dit il avait un plus gros salon à Marseille qu’à Paris et finalement je crois qu’à Paris ils s’en sortaient tout aussi parce qu’il y avait peut-être des charges beaucoup plus fortes à côté à Marseille donc je ne suis pas sûr, je pense qu’il y a des gens aussi qui travaillent seuls et qui s’en sortent très très bien dans mon métier

Parfait, bah écoute Stephane merci beaucoup

Rédigé par Juliette Barboux

Juliette, Community Manager, en charge de la production marketing et de la communication digitale & physique.