Données financières en France : sources, niveau de précision et usages
Publié le 18 juin 2025 I financement I Rédigé par Sylvain Gilibert
L’information financière est un levier fondamental dans les prises de décision d’un dirigeant d’entreprise. Elle éclaire les décisions d’investissement, de financement ou de restructuration, permet un pilotage rigoureux de la performance, et renforce la capacité d’anticipation face aux risques économiques. Mais au-delà des entreprises elles-mêmes, l’ensemble de l’écosystème économique tire profit de l’accès à ces données : les banques et sociétés de financement les utilisent pour évaluer la solvabilité de leurs clients ; les investisseurs pour modéliser la valeur des entreprises cibles ; les administrations fiscales et de contrôle en font un levier de transparence et de lutte contre la fraude ; les conseil – experts-comptables, réseaux d’accompagnement, cabinets de conseil – les utilisent pour mieux accompagner les dirigeants d’entreprises.
En France, l’accès à l’information financière est structuré autour de sources publiques et privées, avec des niveaux de granularité très variables selon les données. Cette diversité conditionne directement les usages possibles Cet article propose une cartographie des sources disponibles, une analyse de leur niveau de détail, et les usages associés.
Les sources de données financières en France
En France, l’accès à certaines données financières est garanti par la politique de transparence promue par les pouvoirs publics. C’est ce qu’on appelle l’Open Data. Leur contenu est varié (les données peuvent concerner également d’autres aspects que les données financières), contenant des informations financières diverses, nominatives ou non :
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- L’INPI permet, par exemple, d’accéder aux données comptables et financières des entreprises dont les comptes sont publics
- La Banque de France publie de son côté des statistiques conjoncturelles
- L’INSEE publie des données comptables et financières anonymisées par secteur d’activité à travers la base ESANE, permettant de comprendre les tendances économiques et la structure financière des entreprises françaises.
En complément des données accessibles publiquement en Open Data, la loi française permet depuis la loi Macron de 2015, aux micro-entreprises et certaines petites entreprises d’opter pour la confidentialité de leurs comptes. Cette faculté permet d’empêcher la consultation publique de leurs performances économiques. Malgré cette restriction, ces comptes confidentiels sont accessibles par certains acteurs – comme c’est le cas d’Atometrics – et permettent d’obtenir un niveau de granularité bien supérieur à celui de l’open data :
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- En termes de couverture, avec un panel beaucoup plus important
- En termes de précision, notamment lorsqu’elles incluent les annexes et les détails des actifs et passifs.
Par ailleurs, certains acteurs spécifiques disposent de données complémentaires. Les experts-comptables par exemple produisent notamment les FEC – Fichier des écritures comptables – des entreprises qu’ils accompagnent. Il s’agit d’une obligation : ce fichier doit être remis à l’administration fiscale en cas de contrôle et contient l’intégralité des écritures comptables, de façon chronologique, avec une très grande finesse (comptes généraux, auxiliaires, journaux, numéros de pièces, libellés, montants débit/crédit, etc). Le FEC constitue une source de données particulièrement riche pour l’analyse de la performance interne, la détection de fraudes ou encore le pilotage analytique. Il n’est en revanche jamais rendu public, et son accès est strictement réservé à l’entreprise, à ses auditeurs ou à l’administration fiscale.
D’autres sources comme les ERP, CRM, ou encore les API bancaires ouvertes via la directive DSP2 offrent une vision très opérationnelle et en temps réel des flux financiers et de la trésorerie.
Le niveau de détail des données financières
- Les données agrégées : Ces données sont constituées d’informations regroupées par secteur, région ou catégorie d’entreprise. Elles sont utiles pour comprendre les tendances macroéconomiques ou pour effectuer des comparaisons sectorielles. Toutefois, elles ne permettent pas d’appréhender les dynamiques propres à une entreprise individuelle.
- Les données nominatives ou individualisées : Ces données se rapportent à des entités clairement identifiables (par exemple via leur SIREN). Elles sont indispensables pour mener des analyses de solvabilité, de rentabilité, ou encore pour l’évaluation d’entreprises dans le cadre d’opérations de fusion-acquisition.
- Les données sur les flux : Ces données sont issues des systèmes comptables ou bancaires et permettent d’analyser finement les mouvements financiers : factures émises, paiements reçus, écritures de paie, amortissements, etc. Elles sont à la base des analyses en temps réel et des applications d’intelligence artificielle.
L’utilisation des données financières ?
Le degré d’exploitation d’une donnée financière dépend directement de sa précision. Plus une donnée est fine, plus elle permet des usages sophistiqués : les données agrégées alimentent les politiques publiques ; les données individualisées servent au crédit, à la veille concurrentielle.
- Quels usages pour les données en open data ?
- Les comptes publics peuvent être utilisés pour faire des analyses nominatives sur la performance d’une entreprise
- L’open data permet également, en agrégeant les données, de réaliser des analyses de benchmark avec par exemple le calcul de ratios financiers sectoriels et locaux.
- Quels usages pour les données confidentielles ?
- Les comptes confidentiels permettent notamment de nourrir des modèles de scoring de crédit, d’analyses de risques fournisseurs, ou encore de diagnostics économiques
- Les données telles que le FEC peuvent permettre de creuser la performance d’une entreprise donnée et de créer une base de données mutualisée précise (avec une anonymisation des FEC et une intégration dans des panels comme dans jedataviz.com).
L’avenir des données financières en France
L’Europe, via le projet Open Finance (https://finance.ec.europa.eu/publications/report-open-finance_en) pousse vers un partage standardisé et encadré des données financières, notamment au profit des fintechs et des PME.

Sylvain Gilibert
Sylvain, Co-fondateur d’atometrics, apporte son expertise en valorisation grâce à ses nombreuses expériences au sein du cabinet de conseil NERA. Sa connaissance approfondie du secteur lui permet de structurer des solutions innovantes et stratégiques, contribuant ainsi à la croissance de l'entreprise.