Comment les CMA peuvent utiliser la création d’entreprise artisanale 

Publié le 07 juillet 2025 I accompagnement I Rédigés par Emilie Lopez et Benjamin Herbomez

En France, l’artisanat représente un pilier de l’économie. Ce secteur incarne l’ancrage territorial, la diversité des savoir-faire et l’innovation de proximité. Face à une conjoncture économique incertaine, les Chambres de Métiers et de l’Artisanat (CMA) sont appelées à renforcer leur rôle stratégique dans la création et l’accompagnement des entreprises artisanales. Pour cela, l’accès à des données sur ce tissu économique est clé. La data devient un outil puissant pour  :

    • Eclairer les décisions,
    • Orienter les politiques publiques locales,
    • Personnaliser les services offerts aux artisans.

Ce rôle est d’autant plus structurant que l’artisanat français représente une puissance économique majeure :

    • 1,7 million d’entreprises,
    • 300 milliards d’euros de chiffre d’affaires, répartis sur 250 métiers.

Le rôle stratégique des CMA dans la création d’entreprises artisanales

Dans le paysage entrepreneurial français, les Chambres de Métiers et de l’Artisanat (CMA) occupent une place stratégique. Les CMA forment le premier réseau d’accompagnement des entreprises artisanales en France. Présentes sur l’ensemble du territoire, les CMA accompagnent la vie des entreprises artisanales de A à Z, tout au long de leur cycle de vie, depuis l’émergence d’un projet jusqu’à la transmission de l’activité.

Chaque année, elles interviennent auprès d’environ 260 000 porteurs de projet, grâce à un maillage territorial fin, sur des problématiques diverses (juridiques, commerciales, environnementales, numériques, financières ou encore humaines). Concrètement :

    • Elles conseillent les créateurs sur la viabilité de leur projet ;
    • Elles aident à trouver des financements ;
    • Elles forment à la gestion d’une entreprise ou à d’autres problématiques terrain. les CMA interviennent également dans la formation, avec 140 000 apprentis par an.
    • Elles facilitent la transition numérique et écologique ;
    • Elles accompagnent les démarches de transmission / reprise ;
    • Elles effectuent des études économiques, produisent des observatoires sur des territoires dans le cadre de politiques publiques.

Ainsi, les CMA incarnent une double fonction essentielle : celle de guichet de proximité, capable d’accompagner chaque créateur dans son parcours, et celle de structure d’expertise et d’animation économique territoriale, en lien avec les politiques publiques locales et nationales.

À l’heure où la data devient une ressource stratégique pour les politiques de développement, ce rôle peut être amplifié : en structurant les données issues de leurs propres services, en croisant ces informations avec des bases publiques et territoriales, les CMA peuvent devenir les pivots d’un artisanat piloté par la donnée, plus efficace, plus réactif, et plus pertinent dans ses réponses.

La data, un levier d’action à fort potentiel pour les CMA 

Les Chambres de Métiers et de l’Artisanat disposent d’un atout stratégique : la richesse des données qu’elles mobilisent au quotidien. Chaque inscription, chaque accompagnement, chaque parcours de formation génère une information précieuse. Croisées intelligemment avec les données publiques disponibles, ces informations peuvent devenir de véritables leviers de transformation pour renforcer l’impact du réseau des CMA sur la création d’entreprise artisanale.

Ce capital de données est d’autant plus intéressant qu’il est ancré dans la réalité des territoires, collecté en proximité, sur des profils diversifiés, à toutes les étapes de la vie entrepreneuriale. Il couvre un spectre large :

    • Caractéristiques des porteurs de projet ;
    • Parcours de formation ;
    • Typologie des entreprises accompagnées ;
    • Zones d’implantation ;
    • Réussites ou abandons…

Les CMA peuvent s’appuyer sur ces données pour orienter finement leurs actions, personnaliser leurs services, et mieux anticiper les besoins du secteur.

Mieux orienter les entrepreneurs grâce à la connaissance des territoires 

L’un des premiers bénéfices concrets d’un usage stratégique des données est la possibilité d’affiner l’analyse territoriale, afin de guider les porteurs de projet vers les secteurs et les zones les plus porteuses.

Grâce à la combinaison des données d’immatriculation, de démographie, de consommation ou encore d’implantation d’activités, les CMA peuvent mettre en lumière :

  • Des zones de faible densité artisanale, où de nouveaux installés trouveraient un marché à développer ;
  • Des métiers en tension ou en mutation, nécessitant une reprise d’activité ou une nouvelle offre ;
  • Des dynamiques locales à fort potentiel, portées par des projets publics ou des évolutions sociétales (alimentation locale, rénovation énergétique, silver économie…).
  • Une demande distincte selon qu’elle proviennent des entreprises, des ménages ou des touristes* ;
MyMarketMetrics vient de se doter d’un nouveau menu « Population de passage » permettant d’analyser et de mieux estimer la demande liée aux flux de touristes. Pour en savoir plus consulter notre article : « Données sur la population de passage : 8 cas d’usage concrets pour optimiser vos implantations commerciales et touristiques. »

Cette capacité d’orientation fondée sur les données est aussi un facteur d’égalité territoriale : elle permet de réduire les déserts artisanaux en facilitant l’installation dans des territoires moins visibles, mais dynamiques.

 

Adapter l’offre de formation aux métiers de demain 

Un autre champ où la data ouvre des perspectives majeures est celui de la formation et de l’insertion professionnelle.

En analysant les données de réussite, d’abandon, d’insertion, mais aussi les retours des entreprises, les CMA peuvent :

  • Proposer des parcours plus personnalisés selon les profils d’apprenants (jeunes, adultes en reconversion, demandeurs d’emploi…)
  • Anticiper les besoins en compétences émergents, liés par exemple à la transition écologique, au numérique, ou aux nouveaux modes de consommation.

Vers une gouvernance de la donnée partagée et responsable 

L’exploitation de la donnée suppose évidemment des garde-fous et une gouvernance solide. La protection des données personnelles, le respect du RGPD, la transparence sur les usages, sont des éléments essentiels pour garantir la confiance des usagers.

Mais au-delà de la conformité, c’est une véritable politique de la donnée qui peut être mise en œuvre à l’échelle du réseau :

    • Mutualisation des bases de données entre CMA régionales,
    • Création de standards communs d’analyse,
    • Formation continue des agents à la culture data,

Cette dynamique collective renforcerait non seulement l’efficacité des politiques d’accompagnement, mais aussi la légitimité des CMA comme partenaires stratégiques des territoires.

Dans un monde en transformation rapide, la data est donc un levier incontournable pour que les CMA remplissent pleinement leur mission de soutien à l’artisanat. En croisant données publiques et internes, en développant des outils d’analyse modernes, en formant leurs équipes, les CMA peuvent :

    • mieux orienter les porteurs de projets,
    • dynamiser les territoires sous-dotés,
    • adapter l’offre de formation,
    • prédire les évolutions du marché de l’artisanat.

Océane Lenain

Océane, COO (Chief Operating Officer), assure le lien entre le produit et le commerce. Elle rédige des guides pratiques qui montrent aux utilisateurs comment utiliser les fonctionnalités de la plateforme à travers des cas d'usage concrets, facilitant ainsi leur prise en main rapide et efficace.