Baromètre des défaillances d’établissements en France : une analyse unique signée In Extenso et Atometrics

Publié le 17 octobre 2024 I Accompagnement I Rédigé par Fabio Giralt

Fabio Giralt

Fabio, Data Scientist, en charge de la fiabilisation des bases de données, l’ajout en continu de nouvelles données, la réalisation de missions de conseil / production d’analyses personnalisées.

Introduction

Dans un contexte économique incertain, marqué par l’inflation et un ralentissement de la croissance, In Extenso, un des leaders de l’expertise comptable en France, s’associe à Atometrics pour lancer le Panorama des défaillances en France, un baromètre trimestriel sur l’évolution des défaillances d’entreprises. Fondé en 1991, In Extenso accompagne les chefs d’entreprises, artisans, commerçants et professions libérales dans leur gestion quotidienne grâce à un réseau de 250 implantations à travers l’Hexagone, couvrant tous les aspects comptables, administratifs, juridiques, fiscaux et sociaux.

Une méthodologie unique pour une analyse différenciante

Ce baromètre se distingue par sa méthodologie : contrairement aux baromètres traditionnels qui se concentrent sur les défaillances d’unités légales (SIREN), nous avons choisi de nous focaliser sur les défaillances d’établissements (SIRET). Cette approche a l’avantage de mieux refléter la réalité économique et de mieux saisir les effets potentiels sur le terrain.

On ne compte pas seulement une défaillance mais autant de défaillances qu’il y a d’établissements dans l’unité légale. Par exemple, si un groupe de restaurants connaît des difficultés, cela nous permet de prendre en compte le poids du groupe (en nombre d’établissements donc) dans les statistiques et ainsi anticiper l’ampleur de l’impact d’un éventuel futur dépôt de bilan sur l’économie locale.

Par ailleurs, cette méthodologie permet d’analyser les difficultés des tissus économiques locaux plus précisément. Si une unité légale est composée de plusieurs établissements répartis sur le territoire, on comptera le nombre de défaillances locales comme le nombre d’établissements de l’unité légale dans la localité. Dans la méthodologie traditionnelle, on ne compterait qu’une seule défaillance à la localisation du siège social de l’unité légale, invisibilisant de fait des potentiels impacts dans les autres localités.

L’analyse est renouvelée chaque trimestre pour suivre l’évolution des défaillances.

Définition de la défaillance et du taux de défaillance

Dans notre baromètre, une défaillance se définit comme l’incapacité d’une entreprise à honorer ses obligations financières, entraînant un redressement ou une liquidation judiciaire. Ce terme diffère de la radiation, qui correspond à une cessation d’activité volontaire ou non liée à des problèmes financiers. Nous nous concentrons sur les procédures directes de liquidation et de redressement judiciaires, sans comptabiliser deux fois les entreprises passant du redressement à la liquidation :

Nous calculons également le taux de défaillance : un indicateur clé qui permet de suivre l’évolution des défaillances dans un secteur donné. Il est défini comme le nombre de défaillances sur les trois dernières années rapporté au nombre total d’établissements actifs, observé à la fin de chaque période.

Principaux résultats

Dans cette première édition, nous observons la période du 1er janvier au 31 août 2024, comparée à la même période en 2023 pour évaluer les tendances

Une hausse généralisée des défaillances en 2024

Pour cette première édition, publiée en septembre 2024, nous avons analysé les défaillances enregistrées de janvier à août 2024, en nous concentrant notamment sur le secteur de la restauration traditionnelle. Les résultats montrent une augmentation généralisée des défaillances à travers le pays.

Entre le 1er janvier et le 31 août 2024, la France a enregistré 66 185 défaillances d’établissements, soit une hausse de 21,8 % par rapport à la même période en 2023. Ce chiffre met en lumière la fragilité persistante de nombreux secteurs économiques. La progression des défaillances a été constatée sur l’ensemble du territoire, bien que certaines régions comme les Hauts-de-France aient enregistré une augmentation plus modérée.

En comparant nos résultats avec les autres données publiques sur la défaillance des entreprises, nous constatons les mêmes tendances :

Toutefois, comme mentionné précédemment, notre approche consiste à comptabiliser les défaillances au niveau des établissements plutôt qu’au niveau des unités légales. Cela nous permet d’observer une tendance plus précise : bien que les défaillances soient en hausse dans les deux cas, l’écart entre les deux courbes se creuse. Cela suggère que les difficultés rencontrées par les entreprises multi-établissements sont de plus en plus fréquentes. Malheureusement, plusieurs enseignes emblématiques illustrent cette réalité, telles que Go Sport, Du Pareil Au Même, Naf Naf ou encore Kaporal, qui ont récemment fait l’objet de procédures de redressement ou de liquidation.

Les défaillances dépassent le niveau pré-Covid

Au 31 août 2024, le nombre total de défaillances d’établissements sur les 12 derniers mois glissants s’élève à 101 000, un chiffre qui dépasse les niveaux observés avant la pandémie de Covid-19. Cette situation s’avère particulièrement préoccupante pour des régions comme l’Île-de-France, où le taux de défaillance est particulièrement élevé. Comme l’explique Fabio Giralt, Data Scientist chez Atometrics : « Pendant la pandémie, les mesures de soutien ont réduit drastiquement les défaillances. Aujourd’hui, avec la fin de ces aides et l’inflation galopante, nous observons un phénomène de rattrapage qui pèse lourdement sur certains secteurs. »

Régions les plus touchés

Toutes les régions sont touchées par le phénomène, avec une augmentation moyenne de 21,8% du nombre de défaillances en France. Certaines régions sont toutefois plus concernées, particulièrement l’Ile-de-France où l’évolution sur un an atteint 28%.

La région des Hauts-de-France parait la moins impactée, mais l’analyse du taux de défaillance montre qu’il ne s’agit que d’un effet d’optique. La région a le taux de défaillance le plus élevé ce qui indique que son évolution relativement plus faible de défaillance masque en réalité un phénomène de rattrapage par les autres régions.

Secteurs les plus touchés

Le baromètre met également en lumière les secteurs les plus affectés par cette vague de défaillances. Le secteur de l’immobilier est particulièrement frappé, enregistrant une progression des défaillances deux fois supérieure à la moyenne nationale. D’autres secteurs comme l’hébergement, la restauration et la construction sont également durement touchés.

Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sous pression

Un autre enseignement clé de cette première édition est la vulnérabilité accrue des entreprises de taille intermédiaire (ETI). Près de 200 unités légales sont entrées en procédure de redressement ou de liquidation judiciaire entre le 1er janvier et le 31 août 2024, ce qui représente une hausse importante. En revanche, les grandes entreprises semblent relativement épargnées, avec un taux de défaillance beaucoup plus modéré.

Focus sur la restauration traditionnelle

Le secteur de la restauration traditionnelle reste fragile en 2024. Entre janvier et août, 2 603 défaillances ont été recensées, une hausse de 3,4 % par rapport à 2023. Le taux de défaillance dans ce secteur atteint 7,3 %, bien au-dessus de la moyenne nationale (4,5 %), avec des disparités régionales, comme dans le Centre-Val de Loire (11,1 %).

Cette situation s’explique par la hausse des coûts : les prix des matières premières ont grimpé de 12,1 % en 2022 et de 7,7 % en 2023, tandis que les charges énergétiques et salariales ont explosé, affectant les marges des établissements. En parallèle, les nouvelles habitudes de consommation, notamment la livraison à domicile et le télétravail, ont réduit la fréquentation des restaurants.

Pour faire face à ces défis, plusieurs solutions de redressement existent, telles que la réduction des coûts, une gestion optimisée des stocks et la renégociation des contrats de bail. Diversifier l’offre via la livraison et la vente à emporter peut également aider à compenser la baisse de fréquentation en salle.

Conclusion

Notre baromètre des défaillances d’entreprises proposé par In Extenso et Atometrics offre une vue précise et différenciante de l’état de santé du tissu économique en France. Face à l’augmentation des défaillances, les acteurs économiques – chefs d’entreprise, experts-comptables, courtiers et décideurs publics – doivent redoubler de vigilance et adapter leurs stratégies pour anticiper les risques. Ce baromètre est un outil précieux pour mieux comprendre les tendances et agir de manière proactive.

Cependant, l’analyse de données complémentaires est essentielle pour fournir un accompagnement plus complet aux dirigeants, notamment dans un contexte économique complexe. Le nombre de défaillances n’est qu’un des indicateurs économiques à prendre en compte. Pour obtenir une vision globale de la santé d’un tissu économique, il est tout aussi important d’examiner l’évolution des ratios financiers, la dynamique transactionnelle, ainsi que d’autres indicateurs clés. C’est dans cette perspective qu’Atometrics propose des solutions d’analyse avancées, couvrant un large spectre de données : financières, transactionnelles, locatives, mais aussi sectorielles, et liées aux entreprises et particuliers. Ces analyses permettent d’aller plus loin dans l’évaluation et le suivi de la performance économique.

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